La carte de séjour « travailleur saisonnier » permet à des étrangers de venir travailler en France… mais uniquement pendant une partie de l’année. Derrière ce titre attractif se cache en réalité un cadre juridique très strict, qui entraîne fréquemment des obstacles pour les travailleurs concernés comme pour leurs employeurs.
Ce titre s’adresse exclusivement aux étrangers recrutés pour des emplois à caractère saisonnier :
La carte permet de travailler jusqu’à six mois par an, mais elle n’ouvre pas droit à une résidence permanente. Le titulaire doit conserver sa résidence principale dans son pays d’origine et s'engage à y retourner à l’issue de chaque mission saisonnière. Par ailleurs, pour chaque contrat, une nouvelle autorisation de travail doit être sollicitée — ce qui alourdit encore les démarches administratives.
Une grande partie des saisonniers sont recrutés depuis le Maroc. Or les procédures menées via l’OFII de ce pays peuvent durer plus de six mois, rendant le processus extrêmement complexe pour les exploitants agricoles, qui dépendent pourtant d’une main-d’œuvre disponible rapidement.
Même une fois en France, les travailleurs doivent souvent attendre plus d’un an pour obtenir leur carte de séjour, alors que leur présence autorisée n’est que de six mois. Conséquence : beaucoup doivent quitter le territoire avant la délivrance de leur titre, puis réengager l’ensemble des démarches l’année suivante — une situation à la fois absurde et épuisante.
Le système ouvre aussi la porte à certaines dérives. Plusieurs entreprises ou intermédiaires peu scrupuleux produisent pour les travailleurs de faux documents (comme des factures EDF) afin d’obtenir les autorisations.
Une fois en France, certains saisonniers se retrouvent exploités dans des conditions indignes, dépendants d’employeurs qui profitent de leur précarité administrative.
Entre les délais administratifs, l’impossibilité de se stabiliser en France, et les risques d’exploitation, le statut de travailleur saisonnier apparaît aujourd’hui inadapté aux réalités économiques et humaines.
De nombreux employeurs, notamment dans l’agriculture, demandent une simplification des procédures, tandis que des associations plaident pour un meilleur encadrement afin de protéger les travailleurs.
Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et d’intenses débats sur l’immigration professionnelle, la question de la réforme du statut saisonnier pourrait bien revenir prochainement sur la table.
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